Apprenez le russe avec moi

La méthode Assimil: qu’est-ce que j’en pense?


L’autre jour, mon meilleur ami m’a demandé ce que je pensais de la méthode assimil pour apprendre le russe et du coup, je me suis dis que mon avis pourrait intéresser les gens qui débutent en russe.

C’est quoi la méthode assimil?

Donc déjà, qu’est-ce que la méthode assimil? Cette méthode est très ancienne et se met régulièrement à jour. Il s’agit d’une façon d’apprendre une langue de façon presque intuitive qui se déroule en deux temps au rythme d’une demi-heure par jour environ. Il existe depuis peu deux niveaux, ce dont je me réjouis car il existe très peu de méthodes qui vont jusqu’au perfectionnement en russe. Il y a un niveau débutant ou comme ils disent faux-débutants, qui comprend 100 leçons ou dialogues. La méthode de perfectionnement, comme son nom l’indique s’adresse à des personnes qui ont déjà atteint ce niveau B2 et qui veulent se perfectionner dans le russe (J’en parlerai prochainement). Avec le pack débutant, dans un premier temps on vous familiarise avec l’alphabet cyrillique, puis vous passez très vite aux dialogues simples (salutations, comment ça va?, présentations etc..) et si vous vous y tenez êtes censés atteindre le niveau B2, c’est à dire un niveau de conversation simple mais courante.

La première phase dite passive consiste à écouter les dialogues, à les comprendre, puis à les répéter à haute voix.

Au bout de quelques semaines, plus précisément quand vous arrivez à la leçon 50, on vous incite à passer à la phase active. Ici, on vous demandera de revenir tout au début du manuel au dialogue 1, que vous reprendrez de façon plus active car il conviendra alors de produire vos propres phrases (corrigées) en rapport avec les structures et le vocabulaire du dialogue, tout en continuant la phase passive de répétition et compréhension.

Après chaque dialogue vous retrouvez deux exercices: un exercice de thème, c’est à dire que vous devez traduire des phrases en rapport avec la leçon vue du français vers le russe. Dans le deuxième exercice, il faut que vous combliez les trous des phrases. En général c’est pour que vous réutilisiez les structures ou vocabulaire spécifiques du dialogue.

Voilà ce que je pense de la méthode assimil:

Comme promis, je vais vous énumérer les points forts et les points faibles de la méthode assimil pour que vous puissiez y voir plus clair:

-La méthode est financièrement abordable, comptez environ 70 à 80 € pour le pack complet avec le livre et les audios (sous forme de CD et d’un CD MP3). Je vous déconseille de n’acheter que le livre car cela perd vraiment son intérêt sans l’enregistrement.

-D’ailleurs les dialogues sont enregistrés par de vrais acteurs russes qui prononcent très intelligiblement ce qui permet de s’entrainer à la compréhension orale ( en jouant le jeu! Pas avec le texte sous les yeux… Ce serait dommage). Très petit bémol: si vous êtes faux débutant et que vous voulez vous remettre au russe, les dialogues du niveau un sont un peu lents au niveau de la diction.

-Toujours dans le niveau 1, jusqu’à la leçon 14 incluse, j’apprécie que le dialogue soit lu deux fois: une fois avec des plages de silences après chaque réplique pour avoir le temps de répéter et une fois à allure normale (mais toujours avec diction lente). Cela permet de bien se familiariser avec l’intonation russe, les accents etc… Que ces plages de silences qui permettent de répéter n’aillent que jusqu’à la leçon 15 est logique selon moi car après les répliques sont trop longues.

-On peut apprendre une langue seul, de chez soi et à son rythme mais je vous avoue que pour ma part le gros problème est de rester motivée et constant. Il est très difficile de s’obliger à en faire une demi-heure par jour pendant plusieurs mois. A moins que vous ne montiez un petit club d’apprenants avec vous, ne serait-ce qu’une fois par semaine pour garder le cap…parce que sinon, au bout d’un moment, à moins que vous ayez un projet derrière, vous en viendrez à vous dire « à quoi bon »…

-En ce qui concerne l’alphabet, la grille proposée est bien, ainsi que la transposition de la prononciation en français, par contre je déplore qu’il n’y ait pas de version audio de l’alphabet, une chanson par exemple, et des mots courants lus pour faciliter l’apprentissage de la lecture du russe. Cela doit être très dur pour les vrais débutants de parvenir à maîtriser l’alphabet russe sans professeur!

-Pour ce qui est du contenu, la dernière version est très actuelle, le vocabulaire appartient vraiment au registre courant. Les dialogues abordent des sujets variés, ce qui permet d’être à l’aise dans plusieurs domaines. Celle qui a élaboré cette méthode de 2008 et 2014 pour le perfectionnement est russe, jeune et spécialisée dans l’apprentissage des langues, du coup, les dialogues sont typiques de ce qu’on pourrait avoir envie ou besoin de dire. Par exemple, savoir se présenter, s’orienter, commander dans un restaurant, retenir une chambre d’hôtel, aller chez le docteur, téléphoner, avoir un rendez-vous professionnel… Les points négatifs, selon moi, c’est que vous restez vraiment limité au contenu du dialogue. Dès que vous voulez étoffez vos propos ou faire légèrement dévier la conversation, vous vous apercevez vite que vous cherchez vos mots. De plus, j’ai aussi pu remarquer que malheureusement, une fois le manuel refermé, il était difficile de ressortir des phrases types, ce n’est quand même pas magique…

-Au niveau des points grammaticaux abordés, je trouve qu’ils sont bien expliqués. Il y a des petites notes explicatives à chaque difficulté rencontrée et un appendice grammaticale en fin de manuel. Malheureusement, pour ceux qui sont faux-débutants, l’ordre d’apprentissage des déclinaisons diffèrent du français et c’est très énervant! Nous pour apprendre chaque déclinaison on les apprend dans l’ordre nominatif, accusatif, génitif, datif, instrumental et locatif (NAGDIL), alors que là, les déclinaisons sont présentées dans l’ordre russe (NGDAIL). Si vous êtes débutants, ce n’est pas très grave mais pour les autres c’est très désagréable…

-En fin de manuel, vous trouverez aussi un lexique russe-français, ce qui reste assez pratique, car vous n’avez pas à transporter de dictionnaires. Par contre, je regrette qu’il n’y est pas une entrée thème dans l’ordre français-russe pour faciliter la production orale. L’ancienne méthode avait un lexique moins riche mais à deux entrées.

-En ce qui concerne le packaging, ils ont vraiment fait un effort de présentation. Il y a des petites illustrations amusantes, la couverture est jolie. Seulement, cela reste assez pauvre en couleurs (beaucoup de noir, un peu de bleu). Je regrette par ailleurs que le nouveau manuel soit moins solide que le précédent, la couverture est plus fine et le système de marque-page qui fait cache en même temps a ses limites, le mien est tellement usé qu’il s’est déchiré. Je préférais le manuel précédent dont les pages étaient reliées et pas collées, il y avait un marque-page en tissus et un cache qu’on pouvait enlever.

-Au niveau de la progression, l’approche est progressive avec des leçons récapitulatives de révisions toutes les 7 leçons. En revanche, la cadence est quand même un peu élevée je trouve. Pour des vrais débutants, la progression est un peu trop rapide. Comme il s’agit de dialogues, cette méthode est insuffisante quand on veut parler d’un sujet (à la troisième personne du singulier).

-Grâce à l’association des audios et du manuels, on acquiert des automatismes, on réfléchit moins à la terminaison des déclinaisons et à la conjugaison des verbes, mais on continue à commettre beaucoup de fautes et d’erreurs dès qu’on s’éloigne un peu du dialogue. Il faut donc avoir recours à une bonne grammaire et surtout continuer à faire des exercices de grammaire en parallèle en vérifiant bien la correction pour devenir capable de s’auto-corriger à l’oral.

-Les audios sont un réel atout pour améliorer sa prononciation, mais le problème est que sans quelqu’un qui puisse vous corriger, à force, il se peut que vous adoptiez de mauvaises habitudes. Par exemple, moi, j’ai du mal avec les accents toniques, souvent je le place au mauvais endroit car je n’ai pas été assez vigilante dès le départ. Et autant vous dire qu’il est difficile une fois intégrée de corriger cette prononciation. C’est pourquoi, je vous conseille quand même de vous trouver quelqu’un de russophone en parallèle, qui vous reprendra là-dessus. Vous pouvez trouver un correspondant sur internet ou vous offrir des cours par skype. A moins que dans votre ville habitent des personnes d’origine russe.

-Enfin, il est indéniable que les audios vous permettent de faire rapidement des progrès dans la compéhension du russe. Cela vous aidera beaucoup pour comprendre d’autres supports, tels que la tv, la radio, les podcasts etc… Mais, surtout dès le début, ne vous contentez pas que de ces audios, essayez d’aller écouter d’autres choses pour familiariser votre oreille.

-Quant au niveau visé pour la méthode débutante, en théorie celui du B2, effectivement le manuel l’atteint, mais l’apprenant lui, j’en doute. Ou du moins pas grâce uniquement à l’assimil.

Bon alors, j’achète ou j’achète pas?

Donc, concrètement, oui je conseille cette méthode car elle reste peu onéreuse, sérieuse et réputée, elle permet d’apprendre ou de revoir le russe et c’est vrai qu’on adopte certains automatismes. Contrairement aux autres méthodes elle se dédie vraiment à l’expression orale. On réfléchit moins aux déclinaisons, on améliore sa prononciation et la compréhension du russe. Cela permet de faire de réels progrès. Par contre, on ne peut pas entièrement s’en remettre à l’assimil pour apprendre le russe. Elle a ses limites comme toutes les méthodes. Déjà, car le spectre lexical du russe est trop riche pour être contenu dans un seul manuel. Il est difficile de réutiliser ce qui a été appris après quelque temps. D’autre part, comme personne ne nous corrige, on peut vraiment tomber dans le piège « d’apprendre ses erreurs », dur dur après de rectifier le tir. Par ailleurs, cela reste un peu lassant, même si on note un effort sur les anecdotes amusantes ou les points de culture. Il est difficile de demeurer assidu et le piège si on arrête trop longtemps et de devoir tout reprendre depuis le début (même si on progresse plus rapidement). Il faut constamment revoir les leçons sous peine de les oublier. Pour finir, la phase active pompe beaucoup d’énergie, une fois qu’on répète et qu’on essaye de réutiliser ce qu’on a appris avec des variantes, vous serez étonné de voir combien cela est fatigant, donc je vous déconseille de faire de l’assimil avant d’aller travailler par exemple…

Ce serait bien que les concepteurs de la méthode assimil soient à même d’apporter une correction personnalisée ou un forum d’échanges via internet,(si ça existe déjà, je ne suis pas au courant), parce qu’apprendre tout seul ce n’est pas très fun…, je leur conseille aussi vivement de faire un effort sur la qualité du livre, et sur la présentation. Surtout qu’à l’heure actuelle entre les blogs (le mien d’ailleurs « eme-le-russe.fr« ), les vidéos sur youtube, les cours par skype, la concurrence est féroce! A eux de savoir surfer sur la vague!